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第9講(2) Une certaine quantité de quelque chose


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フランス語には英語と同様、不定冠詞と定冠詞があります。また同様に数えられない名詞と数えられる名詞があります。フランス語では数えられない名詞に部分冠詞が用いられます。文法的規則は単純ですが、用法は難しいと言えるでしょう。というのは言語的慣用がありますし、主観に関わる知覚の問題もあるからです。ですから同じ名詞でも冠詞を使い分けることで、異なる概念を表すことができます。

En Provence, on élève des moutons ; on y élève des milliers de moutons. Vous adorez les moutons, vous trouvez que ce sont des animaux très mignons. En français, on dit J'adore les moutons. Cela veut dire que vous adorez tous les moutons de la planète, de préférence vivants.

Vous aimez aussi les petites côtelettes bien tendres et le gigot ; vous dites J'aime le mouton. Cela veut dire que vous aimez la viande de mouton. Vous aimez tellement les moutons que vous en voudriez un comme animal de compagnie dans votre jardin ; vous dites Je voudrais un mouton.

Maintenant, vous allez chez le boucher pour acheter de la viande de mouton, car vous aimez aussi le mouton dans votre assiette. Qu'est-ce que vous allez demander ? Que vous reste-t-il comme option ? Il vous reste Je voudrais mouton. Malheureusement, ce n'est pas possible en français, vous devez dire Je voudrais une certaine quantité de mouton. Si vous dites un mouton, le boucher va vous apporter un mouton entier. Si vous dites le mouton, cela veut dire que quelques jours auparavant vous avez commandé un mouton, et le boucher va vous apporter ce mouton. Le fait de devoir préciser que vous voulez une certaine quantité semblerait indiquer que les Français ne peuvent pas imaginer, d'après le contexte, de quoi vous parlez.

Bien sûr, on ne dit pas une certaine quantité de..., c'est trop long. On utilise, à la place, les articles partitifs : du,de la. Donc, vous allez dire au boucher Je voudrais du mouton, s'il vous plaît. Mais, dans ce cas précis, le boucher comprend seulement que vous voulez acheter de la viande de mouton, c'est tout. Du point de vue de la quantité et du morceau envisagé, en demandant du mouton, vous englobez tout : de la côtelette au mouton entier, en passant par les 800 grammes d'épaule de mouton pour faire votre couscous. En effet, du mouton n'exclut rien ; à la limite, vous pouvez très bien vouloir 2 moutons pour faire un méchoui et commencer par demander du mouton au boucher. Cet article partitif, qui est un casse-tête pour les apprenants, est finalement l'article qui vous donne le moins d'informations sur la quantité désirée. On pourrait très bien vivre sans partitif. D'ailleurs de nombreuses langues n'ont pas cet article, et les gens obtiennent bien ce qu'ils veulent chez leur boucher.

Dans la situation précédente, l'usage du partitif impose une seconde étape dans laquelle vous devez préciser ce que vous voulez exactement Je voudrais du mouton... Donnez-moi trois belles côtelettes, s'il vous plaît. On peut dire que Je voudrais du mouton est l'équivalent de Avez-vous du mouton ? Car après votre Je voudrais du mouton, le boucher peut faire un commentaire sur la viande de mouton qui lui reste Ah, il ne me reste plus que de la poitrine !

Alors, l'emploi du partitif ne serait pas si difficile que cela ? Lorsque tout est trop vague pour utiliser un défini, un indéfini, un numéral, il resterait le partitif ? Malheureusement, encore une fois, c'est sans compter sur la façon dont les Français perçoivent les choses et sur les habitudes langagières. Avec les partitifs, apprenants et enseignants s'aperçoivent vite des limites des règles grammaticales. Rappelons que la langue existait avant la grammaire. Cette bonne grammaire essaie seulement d'expliquer des phénomènes, de trouver des règles, une logique, à une matière vivante, bâtarde, en perpétuelle mutation, malgré les efforts de certains, surtout depuis la Révolution, pour la fossiliser. Fénelon (1651-1715) a écrit dans une lettre à l'Académie française : « Notre langue n'est qu'un mélange de grec, de latin et de tudesque (langue germanique), avec quelques restes confus de gaulois. » Alors, ne demandons pas l'impossible à la grammaire.

Remontons à l'origine du problème. En français, nous avons des noms dénombrables et des noms indénombrables. Rien de bien difficile à comprendre, rien d'exceptionnel ; la langue anglaise possède les mêmes concepts : « count nouns » et « mass nouns ». Pour la quantification, ces noms ont des traitements différents dans les deux langues. En français, devant un nom indénombrable, l'indéfini est remplacé par un partitif : Vous avez des truffes ? Vous avez du caviar ? On voit bien que le partitif est une variante de l'indéfini.

Dans les grammaires destinées aux professeurs qui enseignent le français à des étrangers, les partitifs sont traités en une page au maximum. Voici un exemple (Grammaire Pratique du Français en 80 fiches, Hachette, Paris, 2000) :

(1)Il y a deux partitifs en français : « du » au masculin et « de la » au féminin. Le partitif exprime une quantité indéterminée que l'on ne peut pas compter. Il est souvent employé devant des noms de nourriture, des noms concernant la météo, les noms abstraits : du pain, de la bière, du soleil, de la pluie, du courage, de la patience.

(2)« faire » + l'article partitif s'emploie pour désigner des activités diverses : Je fais du vélo.

(3)On trouve l'article partitif après les verbes comme acheter, manger, boire, prendre, vouloir, mettre, … : J'achète de la peinture. Elle met du temps à venir.

(4)Quand il y a un adjectif, on emploie un article indéfini à la place de l'article partitif : J'ai mangé du fromage devient J'ai mangé un excellent fromage.

(5)Récapitulatif ; comparez l'emploi des trois articles :
Les Français aiment beaucoup le pain. (en général)
Je mange du pain à tous les repas. (quantité indéterminée)
Ce boulanger fait un pain délicieux. (nom + adjectif)

C'est l'essentiel sur le plan grammatical, mais c'est très insuffisant pour la pratique, et cela ne peut être autrement car, même parmi les gens dont la langue maternelle est le francais, il y en a qui voient, partagent, coupent les choses de manières différentes. Il paraît que l'on doit dire J'ai de la fièvre, comme on dit J'ai de l'argent ou J'ai de la chance. Certains Français disent J'ai la fièvre, sur le modèle de J'ai la grippe. Alors, il est tout à fait normal que Japonais et Français voient et fassent les choses différemment, ce n'est pas une question de comprendre ou pas les règles de grammaire, c'est une question de culture au quotidien.

Nos étudiants japonais mangent de la pomme, de la pizza, de l'épinard, du croissant ; ils commandent le bœuf au restaurant. Cela est parfaitement acceptable, c'est une façon de manger les choses ; c'est une façon de présenter les choses comme on suppose que l'interlocuteur les attend. Malheureusement, pour la troisième fois, en France on ne mange pas de la pomme, on mange une pomme ou un morceau de pomme. De même, on mange une pizza ou un bout de pizza. Cela se complique pour le gâteau : on mange un gâteau ou une part de gâteau et l'on reprendra du gâteau.

On mange des épinards, mais on mange de la salade, et les Français ne savent pas pourquoi. Ils répètent machinalement ce qu'ils ont entendu des dizaines de fois dans une situation similaire. En ce qui concerne les épinards, on mange des branches, ou des feuilles d'épinard ; cela s'est contracté en des épinards. Mais alors, pourquoi on ne dit pas manger des salades, la contraction de manger des feuilles de salade ? On le dit, mais cela veut dire autre chose. Vous pouvez dire En été, à midi, je ne fais pas de cuisine, je mange des salades. Cela signifie que vous mangez différents types de salade : salade de tomates, salade de concombres, salade niçoise, … Par contre, chez le marchand de légumes, si vous demandez des salades, le marchand va comprendre que vous voulez environ 3 salades. Pourquoi 3 ? D'une part, quand vous voulez 1 salade, vous demandez 1 salade, et d'autre part, les clients qui achètent 5 salades et plus sont rares.

Et le croissant… Manger du croissant est impensable, on mange un croissant, son croissant ; le croissant est un et indivisible pour les Français, c'est pratiquement une loi de la nature ; à la rigueur on va partager son croissant comme on partage son pain. Quant au client qui commande le bœuf au restaurant... Il parle sans doute du plat de viande de bœuf qui est sur le menu, menu que le garçon devrait connaître par cœur. D'ailleurs on peut très bien dire au serveur Je prendrai la piperade basque, la côte de bœuf au roquefort, les pommes de terre boulangère, la frisée aux lardons et la crème brûlée. L'utilisation du partitif, de l'indéfini, du défini ou du numéral, dépend entièrement de la situation. D'ailleurs ici, on peut aussi bien dire Je prendrai une piperade, Je prendrai de la piperade ou Je prendrai la piperade, dans la mesure où ce plat est dans le menu, ou sur la carte.

Avez-vous remarqué qu'un nom dénombrable peut être aussi indénombrable ? Cela complique singulièrement les choses pour l'apprenant. Maintenant, vous avez compris pourquoi le partitif est traité en une douzaine de lignes dans les livres ; c'est le minimum, presque rien. Le reste, presque tout, c'est au professeur de l'expliquer en classe, cas par cas, à petites doses, pour ne pas provoquer une indigestion. Et petit à petit, les apprenants feront comme les Français, ils répèteront automatiquement, sans savoir pourquoi, ce qu'ils ont entendu dans des situations semblables et ils feront de moins en moins d'erreurs.